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Pour le développement d’une médecine environnementale par le Dr Michèle Muhlmann Weill

Chaque fois que survient une crise sanitaire liée aux risques environnementaux, les grands absents du débat sont les médecins soignants, trop souvent démunis pour répondre à leurs patients ou même se forger une opinion professionnelle sur les questions. La pollution est perçue encore comme un problème de société éloigné de la pratique quotidienne, déconnecté du domaine médical.


Comment expliquer ce sous-investissement de la médecine dans le domaine environnemental ?

Il s’agit d’un phénomène historique qui a des causes politiques, sociologiques et économiques.

- Le mouvement hygiéniste, apparu en France trente ans après les pays anglo-saxons, a été fortement décrié par les politiciens de l’époque au nom des libertés individuelle pour contrer la menace d’une prévention collective imposée face aux maladies hydriques et infectieuses.

- Le corps médical ne s’est jamais approprié le mouvement hygiéniste : l’enseignement des praticiens est resté axé sur la médecine de soins.

- Le financement sans limites du progrès médical, à partir de la création de la sécurité sociale en 1945, a quasiment supprimé toute prise en compte d’une médecine préventive.


Apparition d’un besoin social

Le problème de l’allocation des ressources est devenu crucial en même temps que de nouveaux fléaux infectieux sont apparus, souvent en rapport avec des changements environnementaux locaux ou planétaires. Le réchauffement climatique expose à des évolutions rapides et lourdes de conséquences en termes sanitaires avec des situations identiques de crises sanitaires environnementales qui inquiètent la population. Mais la plupart du temps aucune réponse ne peut être apportée à l’investigation épidémiologique.


Développer une démarche d’investigation scientifique

Les liens entre cancers et environnement relèvent encore souvent de l’hypothèse, mais dans d’autres domaines de la médecine, des déterminants environnementaux sont de plus en plus suspectés : maladies neuro-dégénératives, endocriniennes, troubles immunologiques, troubles de la reproduction sans oublier les manifestations allergiques aggravées ou même déclenchées par la pollution atmosphérique.

Hippocrate avait déjà affirmé les liens évidents qui existent entre santé et environnement, mais cette évidence est très peu investiguée par les médecins et peu évoquée dans le dialogue singulier médecin-patient.

La santé environnementale, comme le reste de la santé publique exige des compétences multiples et ne peut pas être l’apanage des seuls médecins, mais cette « médicalisation » de la santé environnementale est devenue une démarche sociale et une exigence politique.


Quelle est la légitimité scientifique de la médecine environnementale ?

L’approche classique est une approche « par milieu » que l’on retrouve dans les Ddass, les Drass et au Ministère de l’Environnement : les agents polluants sont dosés dans les différents milieux, puis on édicte des normes que l’on contrôle. Mais cette approche ne permet pas une vision globale. Les normes ne reposent pas sur des critères sanitaires et donnent l’illusion que les problèmes sont maîtrisables.

L’approche « par agent » est plus satisfaisante et permet de sérier les dangers par grandes catégories quel que soit le type d’exposition mais les différents agents peuvent intervenir simultanément ou interagir en compétition ou en synergie.

L’approche par pathologies

L’approche par pathologies, plus spécifiquement médicale est complémentaire des deux autres. Tous les domaines pathologiques devraient être investigués à travers le prisme des liens entre santé et environnement. Rassembler ces connaissances permettrait de faire émerger une approche populationnelle de santé publique en santé environnementale en comparant les problèmes et en développant un argumentaire de santé publique comme le préconise le Plan

Santé – Environnement : la question essentielle de la causalité exige la combinaison des trois approches – milieux, agents, pathologies.

Ce n’est qu’en faisant systématiquement un état des connaissances, en exerçant une veille scientifique épidémiologique par pathologies et en rassemblant toutes les connaissances que l’on trouvera les liens avec des facteurs environnementaux. Car il faut travailler sur les aspects diagnostiques, thérapeutiques ou de dépistage et seuls les médecins peuvent développer l’approche par pathologies.

Une recherche clinique, actuellement quasi inexistante, permettrait d’alimenter et de consolider les connaissances en médecine environnementale. Cela pourrait passer par la mise en place de consultations en médecine environnementale, mais surtout par le développement d’un volet de recherche en santé publique, permettant ainsi d’améliorer la formation des médecins à la médecine environnementale.

Cette nouvelle culture de santé publique prenant mieux en compte les problèmes est une exigence nécessaire à la poursuite de l’amélioration de la santé et à la réduction des inégalités sociales dans le domaine de la santé.

Docteur Michèle Muhlmann-Weill
Forum Démocratique Européen

 

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